Voilà bientôt deux années que je suis absorbé par l'écriture et le langage graphique de mon nouveau livre. Un repli m'était nécessaire pour rester dans ma musique et maintenir le fil fragile à suivre dans l'obscurité. J'avance dans une certaine ignorance et il me faut du silence pour rester dans ma concentration, pour questionner inlassablement mon sujet, le scruter, le dépouiller, l'alléger suffisamment pour le faire monter à la surface et comprendre sa parole. La forme et le fond se font
et se défont, s'éloignent et se fondent continuellement, c'est un combat dans le temps qui me demande de revenir constamment sur la globalité en travaillant une note après l'autre, pour espérer trouver l'accord, le ton qui est juste.
Dans mes livres il y a toujours des choses que j'arrive à dire, et des choses que je n'arrive pas à dire, de la sorte,
j'ai l'impression que chaque livre se relit et constitue une parole continue, et en même temps chaque livre doit être
un petit univers nouveau et autonome, fermé sur lui-même et ouvert.
Pour moi, faire un livre c'est créer une forme, la volonté de transmettre un contenu me semble contradictoire avec
un travail qui se veut artistique. Mais la forme transmet une sorte de contenu. Je fais confiance, j'accepte, je pourrais
même dire qu'une part de moi se refuse, se protège, de ne pas me préoccuper de quoi "ça parle". Bien sûr, c'est important mais pour moi, pas en terme de contenu, mais en élément de la forme.
Aujourd'hui, je sens que j'arrive au bout de quelque chose, le temps est là pour commencer à me détacher, à abandonner pour m'en libérer.
Voici quelques pages de ce projet: |